La première fois j'ai essayé d'utiliser la fonction panoramique pour
caler par comparaison : catastrophe. En fait, je faisais un recadrage
systématique qui laissait le centre de rotation derrière moi (logique
pour une fonction panoramique), au lieu de le placer à l'infini devant.
Je n'ai même pas essayé de les monter. C'est en grande partie du au fait
que la fonction panoramique de mon appareil supprime la mire de visée :
il n'y a plus de point de repère sur la direction de la visée, seulement
le calage droite/gauche avec la vue précédente.
J'ai refait une série complète en cadrant un repère le plus loin
possible, et en décalant légèrement le cadrage de ce repère lorsqu'il
était trop près.
J'ai pris 3 ou 4 photos décalées en faisant un petit pas à chaque fois sur la
droite. Ensuite, j'ai choisi le meilleur couple parmi les 3 ou 4 :
écartement, déformations, stabilité des objets de la scène.
En ce qui concerne les mouvements de l'eau :
Il n'y avait pas beaucoup de lumière (à mon grand désespoir), donc
l'appareil s'est réglé sur un temps de pause assez long. L'eau a le
temps de couler, et les filets ne varient pas trop. L'oeil corrige les
imperfections. La difficulté est de retenir sa respiration au moment de
la prise de vue... Dans le cas où il y aurait eu du soleil, j'avais
prévu prendre les photos en priorité vitesse, pour obtenir le même résultat.
Composition
Comme je découvre presque tout en matière de photo et de 3D,
je n'ai pas été trop audacieux pour ce premier essai. Mais
à l'avenir, j'ai bien l'intention d'essayer par moi-même de
transgresser toutes les règles !
Sur toutes mes photos, j'ai essayé de composer en plaçant autant
que possible un premier plan, et un arrière plan. C'est autant une
règle que
m'a donné mon père qui aime faire de la photo 2D, qu'une volontée
d'exploiter la possibilité de la stereoscopie. Pour lui : le premier
plan donne l'échelle et la distance de l'arrière plan.
L'interaction entre l'observateur et l'image 3D est fondamentalement différentes
par rapport à la 2D. Et cela ne tient pas seulement au fait que l'image apparait
en relief.
En 2D, la perception d'une scène est donnée en une seule fois. Ce n'est "que"
par le jeu des mises en scènes, des complexités, des directions (lumière
et objets), des flous et autres dominantes de teintes et de textues qu'on
force l'observateur à analyser. D'où de nombreuses règles énoncées sur l'art
de faire de la photo d'art (ou du dessin d'art).
Pour une photo plate, probablement qu'on aurait dispersé le regard en
fournissant plusieurs sources d'intéret perceptibles en même temps. Il
aurait été judicieux de travailler la profondeur de champ pour faire une
sélection, par exemple sur la toiture, et laisser le reste en flou pour
le décor.
Mais, la vision 3D permet à l'oeil de faire le tri tout seul. Si on
s'intéresse aux bouquet en premier plan (pas facile), la convergence des
yeux rend incertaine la perception de la toiture et encore plus celle de
la falaise. Et ainsi de suite pour chaque niveau. Si bien qu'on peut se
permettre une exploration de la scène 3D, comme dans une observation
réelle. Et, chaque niveau de profondeur est donné dans son temps, et pas
en une seule fois comme sur une photo plate.
Même si le degré d'immersion de l'observateur est limité,
par le jeu des convergences occulaires, l'image 3D lui restitue son activité
d'exploration naturelle que lui enleve la 2D. La vision naturelle ajoute
encore les flous dus à la mise au point occulaire, alors que sur limage
3D tout est toujours soit flou, soit net, mais si l'image est un peu variée
en profondeur, l'observateur ne peut pas (!) voir tous les éléments
en même temps, il ne peut qu'en regarder un et sentir la présence
des autres.
Non ?
Montage
J'ai calé ces photo avec AnaBuilder.
J'ai mis dans ce logiciel une fonction de calage automatique en
translation, rotation et dilatation (la déformation trapézoïdale est
manuelle). Je suis assez content de constater que j'aurais été incapable
de monter rapidement les anaglyphes présentés sans ce calage automatique :
-prises à main levée, les images présentes de légères déformations,
-elles sont complexes et n'offrent pas toujours de points de repère
faciles à utiliser pour déterminer les paramètres du calage
-les couleurs anaglyphes se complètent d'une vues sur l'autre et masques
les franges rouge/cyan qui auraient pu servir au calage manuel
Pour caler à la main, entre appliquer une translation, une rotation, ou une dilatation pour
replacer certains pixels, on s'y perd. Quand on croit trouver un point
de repère sur certains objets, on cale, et on constate qu'on a
complètement décalé d'autres éléments de l'image.
Le calage automatique n'est pas parfait, mais la plupart du temps pas
mauvais. Il donne une première solution qui tient compte de tous les
éléments de l'image, et moyenne tous les écarts. Une petite correction
manuelle finalise assez facilement les objets clef de l'image.
J'ai commis une erreur que je me promet de corriger plus tard : j'ai sauvegardé,
puis retaillé mes anaglyphes en JPG. Plusieurs décompressions/compressions
on fait perdre beaucoup de finesse... et l'accentuation des bords que j'avais
pris la peine d'ajouter..